Il est important de corriger une inexactitude dans l’histoire du kintsugi récemment lu sur internet. On présente souvent l'histoire du bol en porcelaine Céladon nommé Bakōhan comme une erreur faite par des artisans chinois qui auraient réparé ce bol avec des agrafes.
Une tout autre histoire
Le bol en porcelaine Bakōhan est particulièrement apprécié au Japon en raison de sa forme et du travail de sa glaçure, mais aussi pour son histoire. Les Japonais l'appellent la "pince à grande sauterelle", nom donné par Ito Tōgai, un érudit confucéen de l'époque d'Edo. Une des premières apparitions de ce type de bol dans l'histoire remonte vers l'an 1175, lorsqu'un prêtre zen Busshō l'offrit en cadeau à Taira no Shigemori (fils aîné du chef du clan Taira, Taira no Kiyomori), en échange de son don en or au mont Yuwang à Hangzhou, (province du Zhejiang, Chine à Angen 1).
Plus tard, pendant l’ère Muromachi, il est devenu la possession du shogun Ashikaga Yoshimasa (gouverné de 1449 à 1473). Durant son utilisation par Yoshimasa, le bol se fissura, il l'envoya alors en Chine pour l'échanger avec un autre bol de même qualité. La fissure fut simplement attachée avec des agrafes. Le bol devint encore plus apprécié et l'utilisation de cette grande agrafe ayant l'apparence d'une grande sauterelle donna son nom à ce bol, Bakōhan (grande pince à sauterelle). Cette méthode particulière de réparation de la porcelaine était très répandue en Chine, appelée l'art du curium porcelaine.
(source Tokyo National Museum).
La porcelaine curium
Un vieux dicton chinois dit : "Ne travaillez pas la porcelaine sans diamant", faisant référence à un ancien artisanat populaire, la "curium porcelaine". C'est l'une des techniques de réparation de la porcelaine les plus anciennes en Chine (patrimoine culturel immatériel de la province du Hebei "technologie de la porcelaine gravée au curium").
Les artisans de cette technique utilisent des diamants comme forets pour percer de minuscules petits trous, puis insèrent des agrafes au curium pour resserrer les fissures et réparer la porcelaine endommagée afin la rendre étanche.
L'artisan utilise d'abord une cordelette pour fixer les fragments, puis appuie le tube de forage contre le trou de forage des deux côtés du joint, tire le petit arc d'avant en arrière pour percer de minuscule trous de quelques millimètres, puis insère l'agrafe dans le trou, la martèle délicatement et termine en appliquant un enduit fait de pâte de riz gluant et de colle d'os.
Étant donné que les clous sont incrustés dans la paroi extérieure et ne pénètrent pas dans la paroi intérieure, il n'y a pas de marques de clous dans le bol, ainsi le liquide ne coule pas.
Comme pour le kintsugi, il est difficile de dater l'apparition du curium porcelaine en Chine. L'artisanat de la porcelaine de curium aurait commencé sous la dynastie Song (960 et 1279). La plus ancienne archive remonterait à une scène de travail d'un artisan de la porcelaine curium de cette époque. Sur la photo, l'artisan utilise une boîte à outils et un petit four pour ramollir le métal.
Durant cette période les artisans curium circulaient dans les rues des villages en portant leurs matériels, secouant leurs crécelles et criaient « 锔 Curium, 锔 Curium » pour inciter des réparations. Les habitants sortaient alors leurs porcelaines cassées et les remettaient aux artisans. La porcelaine réparée, de l'eau était versée pour prouver que la réparation était correctement réalisée.
Cette méthode traditionnelle de réparation a également été utilisée au Japon par des artisans venus de Chine pendant la période Edo et au début de la période Meiji et portait le non de Kasugaitsugi.
Il y a encore peu de temps, on pouvait voir des artisans curium perpétuer le curium porcelaine dans certaines régions de Chine.
Comme pour le Kintsugi, le Curium porcelaine disparut progressivement avec le développement de l'industrialisation et la logique des objets jetables :"Si la porcelaine est cassée, jetez-la et achetez-en une nouvelle".
Heureusement ces dernières années, la Chine et le Japon ont vu une nouvelle génération de jeunes artisans et artistes réhabiliter ce savoir-faire.
Principales étapes Porcelaine Curium.
Les outils couramment utilisés pour le curium porcelaine sont : perceuses, pinces à curium, pinces à épiler, crochets en or, fer, laiton, petits marteaux à crochet.
Pour la ligne de réparation du curium, l'exigence la plus fondamentale est que le curium ne présente aucune fuite.
Les étapes de montage de la porcelaine au curium sont divisées en cinq étapes :
La première étape consiste à lester avec de la ficelle l'ensemble des pièces cassées de la porcelaine, le joint, la porcelaine cassée pour restaurer l'état d'origine, prêt à être réparé.
La deuxième étape consiste à localiser le point de perçage, en fonction de la structure de la décoration ainsi que du style et la position ainsi définissant le nombre et l'emplacement des clous en curium.
La troisième étape consiste à perforer des trous à l'aide d'une perceuse à diamant, la difficulté est de ne pas percer complètement la porcelaine, généralement 1 à 2 mm suivant l'épaisseur.
La quatrième étape, la pose des clous en curium, reflète le niveau des artisans, la ténacité des clous en curium et le niveau de production des clous en curium détermine également la durée de vie des récipients de réparation en curium.
La cinquième étape consiste à utiliser un mélange blanc d'œuf et poudre de porcelaine afin de prévenir les fuites de porcelaine, une fois achevée.
Curium Porcelaine contemporain
Cet artisanat a réussi à perdurer jusqu'à aujourd'hui, seuls les ustensiles ont été modernisés avec l'utilisation de perceuses électriques comme des pinces diverses, des petits marteaux, des agrafes de toutes sortes (différentes formes : classiques, fleurs, animaux, etc.), mais le savoir-faire reste identique. Certains artistes intègrent aussi des matières comme le verre et le cristal.
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