Yakitsugi ? l 'art de la réparation chinoise
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Lors de mes différents voyages, j'ai eu la chance d'apprendre le kintsugi urushi au Japon

À travers mes posts, laissez-moi vous faire découvrir et apprécier cet art ancestral japonais comme un art à part entière

LE YAKITSUGI 焼 継 !

J'ai en ma possession cinq petites tasses Soba choko en porcelaine sometsuke d'Imari traditionnelle.

En observant les soba choko une par une pour une réparation kintsugi et essuyant la saleté et la poussière qui avaient adhéré à la surface, j'ai constaté qu'une tasse était fortement fissurée par rapport à l'ensemble.

J'ai tout de suite pensé que celle-ci avait subi une réparation mal faite à base de colle du commerce, donc je décide de séparer les éléments collés pour un futur kintsugi urushi.



J'utilise la technique de l'acétone en compresse pendant quelques heures sur les fissures pour diluer la colle et malgré les compresses aucun résultat… un peu déçu, j'observe plus attentivement, au toucher les parties transparentes (blanchâtres) sont très dures. Je me renseigne auprès d'un ami japonais connaissant bien l'histoire des céramiques au Japon et je lui envoie une photo de la tasse soba. Rapidement, j'eus une réponse et m'expliquai que la tasse fut réparée avec une ancienne technique japonaise appelée "YAKITSUGI"une réparation par cuisson.




YAKITSUGI SON HISTOIRE

Dans les principales villes du Japon telles que Kyoto, Osaka et Edo (ancien nom de Tokyo),

on retrouve beaucoup de restes d’assiettes ou bols chawan datant du 19ᵉ siècle, dont les morceaux sont collés entre eux par une sorte de colle. Cela est une méthode de réparation appelée le yakitsugi, apparu lors de la seconde moitié de l’ère Edo.




céramique cassées avec collage par cuisson
Yakitsugi fouille de la ville de Kyoto

Plusieurs fouilles dans la ville de Kyoto ont révélé une grande quantité de reste rassemblée dans des trous ou des sortes de puits situés dans des sous-sols.

Dans le sixième volume de l’encyclopédie illustrée du XIXe siècle de Morisada KITAGAWA, il est écrit au sujet du yakitsugi :

« Autrefois chaque poterie cassée était réparée avec de la laque urushi.

Pour la première fois de l’ère Kansei*, de la poudre shiratama fut utilisée pour des réparations yakitsugi. »

« La poterie de luxe ou les ustensiles à thé ne supportant pas une deuxième cuisson. »

« Le yakisetu (collage par cuisson) est préféré pour les poteries utilisées tous les jours.






encyclopédie illustrée du XIXe siècle de Morisada KITAGAWA
Encyclopédie de Morisada Mankô

Dans l’ouvrage Morisada Kitagawa (Morisada Manko), il est indiqué que le matériau principal est la poudre shiratama.


Celle-ci étant de la poudre de cristal servant au glaçage et à l’émaillage. Appelée encore aujourd’hui poudre shiratama.


Le shiratama est un composé de plusieurs éléments : le minium (oxyde de plomb rouge), la céruse (blanc de plomb ou carbonate de plomb basique),

la pierre de silice, l’acide borique et le borax.










Le processus de fabrication du shiratama est :


- La cuisson dans un creuset à 1 200 degrés de l’assemblage de poudre (poudre sèche des différents éléments) ;

- Le refroidissement rapidement par eau de la pâte issue de la fonte de cet assemblage de poudre.

La masse agglomérée et blanche qui en résulte est ce qui s’appelle le shiratama (shira : blanc, tama : boule).

Cette masse blanche est ensuite broyée pour ainsi obtenir une poudre très fine.



Shiratama
Yakitsugi

Le yakitsugi l'art de la réparation chinoise est ainsi le principe permettant au glaçage de se souder au matériau de la poterie.

Pour coller les éléments entre eux, il faut d’abord mélanger la poudre shiratama à de la colle nikawa (sorte de gélatine translucide), puis malaxer le tout en ajoutant de l’eau, ensuite, appliquer la pâte obtenue sur un côté casé avec un herabo (petit bâton).

Lors de cette étape, la colle faisant déjà effet, on colle les morceaux cassés de manière provisoire.

L’étape de soudage finale est effectuée en mettant l’objet dans un petit four chauffé entre 500 et 700 degrés.



Il faut cependant savoir que seules les porcelaines sont cuites, et que les poteries ne sont pas soumises à la même procédure. Étant donné que la porcelaine est cuite à une température élevée d’environ 1250 degrés, elle est très résistante à la chaleur et ne se casse pas facilement même lors d’une double cuisson dans un four.


L’apparition du yakitsugi, s’est faite dans le contexte tragique de la famine de l’ère Tenmei ** qui provoqua de grands dégâts au niveau national.

De plus, lors de la 8ᵉ année de l’ère Tenmei (1788), un grand incendie ravagea 80% de la ville de Kyoto, ce qui déstabilisa, non seulement sur les gens ordinaires, mais aussi sur les nobles de la cour et les familles de samouraïs.


Ainsi, il est considéré que le yakitsugi a émergé comme moyen anti-gaspillage,

inspiré par les techniques de décoration sur glaçure de Kyoto (uwaezuke).


Ère Kansei *: de 1789 à 1801

Ère Tenmei ** : de 1781 à 1789

Ère Kaei : de 1848 à 1855

Ère Bunka : de 1804 à 1818




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